Suisse | Valais

Je connais Evelyne depuis environ 2008, et elle m’avait parlé de son envie de faire pour ses 40 ans l’ascension de son 1er 4000m. De mon côté déjà trois à mon actif, et les discussions portent sur les 4000m. Printemps 2010, après une longue recherche c’est le Bishorn qui est retenu, car non technique. Après tout, n’est-ce pas le 4000m des dames (ce nom vient du fait que ce fut le 1er 4000m qu’une femme a vaincu, Elizabeth Burnaby). Une fenêtre de 10 jours et la météo prévue belle pour ces deux jours et nous voilà partis, seulement nous deux pour ce sommet. Evelyne désirait un guide qui nous rejoindra à la cabane.
J’organise le parcours de Zinal jusqu’à la cabane, la voie normale de la montée est depuis Zinal par le Roc de la Vache. Un peu de variété et pour la montée, je prends l’option de rallonger un peu le chemin pour passer par le Pas Du Chasseur et le lac d’Arpitetta. A la descente, vu la fatigue, toute rallonge passerait à la trappe.
Sous un beau soleil, nous partons depuis La Barma, après Zinal, fin de la route, plusieurs places de parc. Le chemin longe La Navisence à plat, tant mieux au début car le sac est bien lourd, ah le poids des crampons ! J’impose donc un rythme “de guide”. De mon côté j’ai pris tous mes habits d’hiver et je monte avec mes habits d’été. On croise des scouts bien afférés à préparer leur camp. Au pont du Pt1731, on monte vers le Pt1797 (sous la Côte Meya). La pente est encore douce, il fait bon chaud, mais on profite d’une brise relativement fraiche. Puis avant 2000m, on part à droite pour le Pas du Chasseur. Un panneau indique sa direction et “difficile”. Evelyne, tu me suis ? De mon côté, je sens le coup de chaleur venir (léger mal de tête) et tous les ruisseaux trouvés sur mon passage, serviront pour se rafraîchir : ce fut efficace !
On arrive en bas du Pas du Chasseur, on ne voit pas le cheminement dans son entièreté depuis le bas, mais des chaines donnent le ton. C’est un enchainement de plusieurs montées dans des cheminées équipées de chaines. Faire de l’escalade aide, mais je n’ai pas trouvé ce passage si difficile (c’est mon appréciation), mais plutôt sympathique. Par temps humide, il faudrait mieux l’éviter. Après ce Pas, on continue à monter dans une forêt, avec des rhododendrons un peu partout. Quel plaisir ! On débouche sous le Pt2155 du secteur de l’Arpitetta. On croise une famille suisse-allemande, qui viennent de passer avec leur 4 enfants de 6-10 ans. Chapeau !
On fait un détour par le lac d’Arpitetta, cela en vaut le coup, c’est un petit lac, mais avec une vue grandiose. Puis on part en direction du Roc de la Vache. Au Pt2279, on monte pour passer devant l’abri de la Tsijière de la Vatse (2388m). Ca monte pas mal et le soleil tape fort, et notre rythme s’en ressent. Au Roc de la Vache, on ne croise … que des moutons, je pense donc que ce nom dérive comme pissevache, de ses ruisseaux. A Roc de la Vache, on marque une bonne pause casse-croûte, mais ne ratez pas le sommet du Pt2581.4. Le mieux est d’y aller par la gauche et de revenir par la droite … on découvre le vide du rocher surplombant !
Après notre pause et le plaisir d’ôter ce sac bien lourd, on repart. La cabane est visible au loin sur la crête. Il faut descendre au Pt2477 (un pont) pour trouver le chemin normal de montée depuis Zinal. On passe devant un chalet nommé Rocher de l’Ours (Combautanna sur la carte), au Pt2578. On croise dans ce secteur une fille dont les semelles de ses chaussures se sont décollées et une bande adhésive en guise de maintien sommaire. Le terrain est en pente douce jusque sous le Pt2931 (secteur de la vierge), puis monte plus fort. Nous deux et d’autres sur notre passage, sentons une fatigue certaine. On longe en devers, sous les rochers du Diablons des Dames, avec quelques névés. Cette cabane ne semble pas se rapprocher. Vers 3100m notre rythme s’éffondre. Une montée tout en lacets qui finit par une chaine. Alors Evelyne, cette chaine en fin de course, bien crevée, ça en jette ! On débouche sur l’autre versant, domaine de la neige, Turtman-gletscher. La cabane est juste devant nous, il reste une brève descente pour la rejoindre.
On profite de se changer, de s’installer pour la nuit (les lits sont riquiquis, genre 60cm par personne), les toilettes bien odorantes et le gardien aussi accueillant qu’une porte de prison, ronchon et j’en passe; c’est le pire que j’ai rencontré. Heureusement sa femme relève grandement le niveau. Pendant le repas, notre guide, Daniel Ruppen, arrive. Le contact est vite établi, il aime parler, tant mieux nous aussi.
Puis on se dirige vers la chambre, où on joue des coudes avec son voisin. N’oublier de prendre les boules Quiès et un masque pour les yeux. Suite le lendemain.
J’ai demandé à Evelyne de raconter sa version de la randonnée.