Suisse | Valais

La veille nous sommes montés à la cabane du Tracuit avec Evelyne, son premier 4000m. Les nuits en cabane sont toujours terribles, on a l’impression de passer une nuit blanche, la place est comptée, mais pourtant on est quand même en forme le lendemain. Le déjeuner à 4h du matin, c’est épique. L’estomac n’est pas prêt et mon gardien est là ! A un moment, je vais lui demander du pain et du beurre et je reviens avec seulement la moitié demandée en pain. Selon lui, dans les hotels on ne ressert pas de beurre. Point ! Par la suite, j’ai discuté de cela avec notre guide et cette cabane a connu 3 gardiens en 3 ans. Bein les choses ne s’arrangent pas et je me demande comment le CAS fait ses choix. A ce jour mes cabanes préférées sont celles non affiliées au CAS. Enfin passons !
On part de la cabane, sous un soleil levant toujours aussi magnifique. Récompense des efforts et temps splendide. Le Bishorn est devant nous et les cordées sont nombreuses. On s’encorde mais on ne met pas les crampons pour l’instant. Les discussions vont bon train avec notre guide Daniel. Au-dessus de 3400m, dans la partie “plate” du glacier, avant la montée, on met nos crampons, puis on attaque la montée. On rattrape des cordées dont celle de la collective. Notre cordée est un peu atypique car souvent elle est en formation triangle plutôt que ligne droite. Je suis le dernier, et au fond j’entends moins bien, donc je file sur la droite pour entendre. Tant que le secteur n’est pas crevassé, notre guide est cool, avec un guide suisse-allemande, cela n’aurait pas été possible. Vers 4000m, peu avant le replat, Evelyne ressent des nausées, l’effet de l’altitude. Le guide nous propose des variantes de montée, mais le choix va se faire par la voie normale. Brève pause pour reprendre des forces et du sucre. On arrive sous le sommet, entre le sommet du Pt4135 (celui gravit par Elizabeth Burnaby) et le sommet en neige du Pt4153. On patient en bas, vu le monde en haut et profitons de passer en revue les nombreux sommets alentours, puis on monte à notre tour, bref passage plus pentu, mais sans difficulté. Sommet vaincu ! Au sommet on ratisse large … sauf le Cervin caché ! Après une bonne séance photo, on descend pour faire une pause juste en dessous. Puis en ligne presque droite, on descend ce glacier qui est en neige transformée, bien agréable. Par contre Evelyne goute aux joies de passer les jambes à travers les ponts de neige. Puis on retrouve la cabane, il est midi. Pause.
Après notre pause, on reprend toute nos affaires et le sac qui redevient lourd et on quitte le guide avec qui on a eu bien du plaisir. Au passage c’est le premier guide que je rencontre qui a son natel sous Orange : sa femme l’a persuadé de passer de Swisscom à Orange pour des raisons de prix préférentiels, car elle était sous Orange. Sur ce coup là, fallait-il écouter sa femme ? Tant que je suis sur des histoires de natel, sur un groupe de trois skieurs, le dernier est tombé dans une crevasse et ses deux compères ont mis du temps à s’en apercevoir (la neige devait être trop bonne à descendre), et depuis sa crevasse, notre skieur a pu appeler les secours. Sinon on capte du réseau devant la cabane en regardant vers la cabane de Turtmann, j’avais Internet, mais pas les MMS (idem lors de notre pause sous le sommet, j’ai pu envoyer une photo sur Facebook, mais pas par MMS).
On descend le chemin de la montée, il y fait plus chaud que la veille (vent chaud). On croise des personnes qui montent avec leur VTT sur le dos, il y a des courageux. Je prends un rythme doux, pour ménager les genoux. On repasse devant le chalet Rocher de l’Ours puis au Roc de la Vache, on bascule dans le chemin normal au N. Ca descend bien, mais quel plaisir pour les yeux, ce parcours est rempli de fleurs ! Au Pt2256, on file vers Le Chiesso, la fatigue est bien là. Après ces chalets on rattrape d’autres alpinistes croisés sur le glacier, qui sont aussi fatigués que nous. Cette descente est longue et semble ne pas en finir. Puis on rejoint La Barma, pour finir sur la route et retrouver la voiture. Il nous a fallu 3h au lieu de 2h30 pour descendre. Les genous vont encore bien, mais les muscles sont HS. Il y a quelques heures on était à 4000m. Fin d’une belle journée, du premier 4000m pour Evelyne, malgré la fatigue, cette journée va rester belle dans nos mémoires. Le Bishorn surnommé 4000m des dames se mérite finalement !
J’ai demandé à Evelyne de raconter sa version de la randonnée.