Suisse | Valais

Mazette encore raté

Vendredi, je me mitonne une randonnée, mais la météo est annoncée bien grise. Samedi avant l’aurore, je me réveille et vérifie la météo. In fine, retour dans les bras de Morphée (ah que c’est bon !). Et donc je décide de troquer mon shabat contre le jour du Seigneur, annoncé grand beau.

Trient

Mon point de départ est Trient, petit village perdu dans le creux des montagnes avec le Col de la Forclaz. J’envisage d’aller au Pissoir (quel nom !) et mon plan B est les Grandes Outanes. Pour le Pissoir cela fait presque 2000m de dénivelé, c’est donc du lourd. Nous sommes au printemps il faut donc partir tôt et je décide de venir la veille et bivouaquer sur place. Le samedi soir j’arrive à Trient sur la place de parking et installe ma tente pour filer dans le duvet. La température tourne autour de 0°c.

Qui a éteint le chauffage ?

La nuit fut bonne, mais sortir du duvet chaud par une température extérieure de -4°c demande de l’énergie. Il me faut un bon quart d’heure (j’avance mon réveil d’autant) pour en sortir. Ah le café chaud, quel bonheur. Je suis en train de le boire lorsque arrive les premières voitures. Deuxième, du monde arrive encore. Je pars.

Ruisseau du Trient

Le départ est à plat, enfin en pente douce. C’est le long des pistes de ski de fond. On traverse une forêt clairsemée pour suivre une route forestière. Il y a trois couloirs avalancheux à passer. Un brin délicat car la trace est gelée, d’ailleurs devant moi une femme préfère le passer à pied. Les couteaux seraient plus judicieux selon moi. J’arrive au niveau de la buvette d’été du Chalet du Glacier avec ses informations touristiques sur le bisse du Trient. Au retour je passerai devant. Actuellement c’est un peu la lutte avec les vernes, peu confortables. J’en sors enfin. Vers 1700m, c’est la fin de ce vallon, il faut bifurquer à droite. Une pause et c’est parti pour une longue montée. C’est désormais pentu et je sens que cela va être long. Le soleil émerge à la crête et avec la petite neige de la veille rend les lieux féeriques. Un plateau permet une pause au soleil, quel bonheur !

Collants-pipettes

En me retournant, j’aperçois une hors de gens. C’est donc le jour de sortie pour bien du monde. Nous sommes une année paire (2016), c’est donc une année à Patrouille des Glaciers et la date approche. Donc plein de sportifs collants-pipettes comme on les nomme. Je fus surpris : ils repondaient à mes salutations. Par contre seul un petit tiers disaient merci lorsque je cédais ma place. Collants-pipettes un jour, collants-pipettes toujours !

Croix des Bérons

La montée se poursuit et le but est de contourner le sommet devant nous : La Croix des Bérons. Je suis en forme, il fait beau je décide de poursuivre mon plan A. Le chemin se raidit dans la face NO de ce sommet, les conversions s’enchainent. Les derniers 100m me demandent de l’attention, la pente est déversante et mon ski aval n’a que peu d’appui. Je ralentis et tant pis pour le collant-pipette qui piaffe derrière moi. Plusieurs hélicoptères font des rotations, j’apprendrai plus tard que la zone est un lieu de dépôt de l’héliski. J’arrive au col sous la Croix des Bérons, quel panorama. Je m’en mets plein les yeux. Je prends une brève pause. Un sommet se dresse devant moi, l’Aiguille du Midi avec une jolie trace de montée. Finalement ce sera mon sommet

Aiguille du Génépi

Je traverse le plateau (glacier des Grands) et c’est la montée finale. Le dénivelé se fait sentir, la faim et la soif. Mon coeur bat la chamade, c’est désormais le moral qui me fait avancer. Avec une dame, on se suit, marquant des brèves pauses pour reprendre le souffle. Les collants-pipettes descendent déjà. Techniquement, il n’y a pas de difficulté ici, mais la longueur et le dénivelé se payent cash. Cela me fait penser à ma randonnée au Rogneux en 2010, mais qui à l’avantage d’une distance plus courte pour un peu plus de dénivelé. J’arrive au sommet, enfin la crête car le sommet lui-même est du rocher. La vue est grandiose, sous mes pieds s’ouvre le Glacier du Tour, en face l’Aiguille du Chardonnet et surtout le Mont-Blanc qui semble si proche. Fort ! Aiguille du Génépi, avec un nom pareil, ça sent la France, normal le sommet fait frontière.

Que le monde est petit

Je babille avec les autres lorsque j’entends mon prénom. 2 secondes plus tard je reconnais l’accent de Karyne, une accompagnatrice valaisanne avec qui j’ai fait le module d’hiver. Quel bonheur de la revoir et découvrir son mari. Le monde est petit ! Nous profitons de l’instant présent et de la vue. C’est le grand soleil.

Glaciers des Grands

Il faut bien à un moment quitter les lieux, non sans regrets. C’est la descente sur le glacier des Grands. A la montée j’avais bien noté les traces de descentes, ce sera ma ligne. Il a neigé la veille et j’ai le droit à plusieurs cm de poudreuse. Nous sommes presque mi-avril, quel bonheur. Puis la pente s’accentue un peu, sur la carte nous sommes belle et bien sur glacier, mais dans la réalité, peu évident. La neige devient à peine croutée et je rattrape le groupe de Karyne. Puis on retrouve le vallon pentu de la montée, coincé entre les avalanches et la falaise. Il faut descendre parfois sur les carres.

Vallon du Trient

Puis je rejoins le vallon du Trient et file tranquillement dans une neige transformée. Je passe devant le Chalet du Glacier, traverse le pont, puis c’est la descente par le chemin de la montée. Pas toujours évident de descendre les chemins en forêt. C’est le retour au parking où je peux constater que les voitures viennent de tous les cantons romands, de France et d’Italie. Cet itinéraire est donc une grande classique, mais qu’est-ce qu’il est beau … mais long !