Suisse | Vaud

Les nuages sont annoncés bien présents, donc pas la peine d’aller trop haut, mais où aller ? Et si on allait voir le reste de la voie romaine à Vuiteboeuf/Saint-Croix. En voilà une belle idée. Mon idée est de faire un circuit ouvert, partir de Vuiteboeuf pour finir à Saint-Croix. J’utilise donc le train et arrive à Vuiteboeuf, la gare étant bien à l’extérieur du village. Un vent à décorner les boeufs (c’est en accord avec le nom du village !) m’y accueille. Je traverse Vuiteboeuf et peux voir le reste d’un moulin, une roue dans un terrain privé. Il parait qu’il y a eu jusqu’à six moulins (le drapeau porte les restes de ce passé). A la sortie du village, route de Saint-Croix, dans l’ancienne carrière, un parking est disponible et ma tante Nouchka me rejoint et nous partons à pied.
Le début de la voie romaine est un sentier normal qui monte assez fort, en croisant la forêt. Des panneaux touristiques sont parsemés sur le parcours (voir le contenu sur ce PDF). La voie fut bien empruntée par les romains (des clous furent trouvés, semelle Vibram de l’époque), mais les rainures dans le calcaire datent du Moyen-Âge lors du transport du sel depuis la France vers Berne (ainsi que du vin de Bourgogne). Les rainures, sillons, servaient à guider les roues des chars dans ce passage raide et abrupt. Une chaine bloquait une roue. Vuiteboeuf (Vuitebo, litt. garde-boeufs) tirait profit de ce passage. Les sillons sont bien conservés et font fort impression.
Puis nous quittons ce secteur pour longer la forêt et un court instant la route passante (pas terrible !) pour arriver à Le Château. Nous y faisons un détour, espérant voir des restes, mais rien. Une vieille école et les habitants nous disent que les fondations de leur maison contiennent des pierres du château, mais tout a été détruit. Nous partons et filons vers La Villette. Les chèvres et un habitant font diversion et nous partons à babiller. Au niveau de la STEP, on s’enfonce dans la forêt et faisons encore une belle rencontre, un grand-maman qui a connu l’exploitation des tourbières pendant la Seconde Guerre Mondiale !
Nous descendons par les profondes Gorges de la Covatanne, terrain calcaire entaillé par l’Arnon, cours d’eau local. C’est fort joli. Il y a des grottes (pour spéléologues) et des blocs erratiques amenés par les glaciers dont un au bord du chemin … mais en descendant, pris dans nos babillages je ne l’ai pas vu ! Nous arrivons dans la tufière, le tuf calcaire est un dépôt calcaire sur des mousses ou algues. Cela forme des édifices aux allures poreuses. Superbe.
J’avais repéré un abri sous les 800m et nous y faisons un détour. Un dénommé Ralph squatte les lieux et nous accueille chaleureusement, offrant même le café. C’est reparti pour un long babillage. La balade est sous le signe de l’escargot : on avance lentement. Puis on repart, visite des tufières pour finir de descendre les Gorges de la Covatannaz. Nous retrouvons Vuiteboeuf. J’avais prévu de filer à Sainte-Croix en train, mais n’ayant pas vu le bloc erratique et sentant le trouble psychiatre poindre son nez (crochu), je décide de remonter à pied, désormais en solo. Vers 700m, je suis passé rive gauche et j’ai regretté ce choix (orties et complications à la fin).
Vers 900m, j’arrive au bloc erratique et je surprends un couple en train d’imposer les mains à ce bloc. Comme il y a une inscription biblique, je pense à des chrétiens, mais ils sont en quête d’énergie tellurique. Je me lance dans une explication (le bloc fut amené par le glacier lors des dernières glaciations … comprendre que l’énergie était plutôt du côté du glacier, le bloc s’est fait transporter malgré lui). Peine perdue, la science ne gagne pas toujours !
Je retrouve la STEP et continue en forêt. Le chemin devient pentu et de moins en moins entretenu et je sens un brin de fatigue ! Au Pt965, je traverse au mieux l’Arnon (ma carte indique un pont qui n’y ai pas, la dernière carte n’indique plus rien) et sors dans un pâturage au S de Sainte-Croix. Je traverse la voie ferrée et file vers la tourbière Mouille de la Sagne (sagne signifiant : marais, tourbière). Il y a plusieurs tourbières dans la région qui furent exploitées. Elle est dans une petite forêt et la pauvre tourbière n’est pas en grande forme. On voit encore bien les canaux de dragage et la sphaigne est rare. Ca fait pitié. Je la traverse et en fait le tour. L’Arnon en fait de même par un canal aménagé. Puis il me reste à traverser le village de La Sagne pour arriver à Sainte-Croix et attendre le train du retour.