Suisse | Valais
  1. Cabane des Vignettes
  2. Pigne d’Arolla

Il y a des années où un 4000m est réalisé, il y a des années sans et d’autres où un joli sommet en course glaciaire fait office de 4000m. Cette année est donc dans la dernière catégorie. Evelyne propose le Pigne d’Arolla et je me sens de guider pour ce sommet, c’est donc parti pour Arolla.
L’été est caniculaire et la température à Arolla est déjà bien haute. Nous partons tranquillement depuis le parking au S d’Arolla et filons par le chemin qui monte dans la forêt de mélèzes et de pins (l’arole est un pin). Les geais des chênes, qui malgré leurs noms, aiment aussi les résineux, font entendre leur cri plus proche du klaxon que du doux gazouilli. Nous traversons cette forêt pour en sortir doucement vers 2100m. Nous croisons des anglophones qui forent des arbres. Dendrochronologie ? Le sentier se met à monter et des cailloux portent curieusement des nombres peints. Il se passe des choses ici !
La suite est une remontée de la moraine parmi un joli parterre de fleurs (doronic, campanules, lotier corniculés, joubarbe, …). C’est fort joli, mais pentu, et le paysage est sympathique. Peu avant 2500m, nous laissons la moraine pour découvrir un mini barrage (prise d’eau). Il y a un panneau, mais qui est pour l’hiver, il faut continuer tout droit pour partir à gauche (E). Nous marquons une pause casse-croutte au sommet attenant, qui domine la vallée, et voyons défiler des alpinistes. Nous poursuivons et contournons le sommet du Pt2553 (ma carte ancienne indique un chemin différent) pour arriver à monter quelques marches, type Via Ferrata, puis un dernier passage sécurisé dans les rochers.
Nous rejoignons le glacier de Pièce et passons aux choses sérieuses : sortir le matériel glaciaire. Ma perception est que ce glacier, en choisissant l’itinéraire de la voie normale, peut se monter sans s’encorder. En guise de rafraichissement technique, j’ai pris grand soin de s’encorder. Il nous a fallu 45 min pour se préparer, c’est le tarif habituel du début de saison !
Après le plateau initial, une belle montée pour rejoindre le plateau suivant. Mais nos petits corps, malmenés par les nuits écourtées par la canicule, la chaleur du jour et l’altitude, ont souffert. Nous étions tels deux petits vieux, en avançant de 20 pas pour se reposer et reprendre son souffle. La vie est injuste, je sais ! Mais courageux nous avons été et je n’ai point pleuré, même si nous avons explosé le temps de marche (normalement 3h30).
En arrivant à la cabane le drapeau Corse (tête de Maure) flotte au vent … sans drapeau valaisan (la femme du gardien est corse). J’aime bien les Corses car ce sont les seuls à pouvoir dompter les valaisans (ça me rappelle Napoléon au Grand Saint Bernard). Le gardien n’est pas là et ce sont les aides gardiens qui officient. Pour rester sobres, je dirai que la réception est dans la grande tradition militaire : c’est froid et austère. Dommage ! Sinon la cabane a été rénovée en 2008 et est bien jolie. Il y a même de l’eau courante aux toilettes (douche possible en payant). Les toilettes extérieures qui avaient fait sa réputation ne sont plus utilisées. Nous faisons la connaissance d’un valaisan, Alexandre, et passons une soirée des plus agréables. Pas belle la vie ?