Suisse | Berne

Pour cette fin de saison, bien plus tôt que les années précédentes, il faut aller chercher la neige plus haut et dans des secteurs plutôt N. Après réflexion, je tombe sur le Wildhorn par la Lenk. J’ai déjà eu l’occasion d’aller au Wilhorn en 2008, mais par le côté valaisan, via Les Rousses et les Audannes. Vu ma tendance à ne pas partir tôt, je décide de bivouaquer in situ car il y a environ 2h30 de route. Au moins je mets à profit l’expérience accumulée pendant ma formation d’Accompagnateur !
Je monte par la route menant à Iffigenalp qui est fermée en hiver. Lorsqu’elle est ouverte, circulation alternée : montée entre le 1/4h et la 1/2h, descente entre 3/4h et l’heure pleine. La route est pentue et j’oscille entre la 1e et la 2e vitesse. J’arrive à Iffigenalp, terminus. A côté du parking, je trouve de braves épicéas prêts à m’accueillir. Le temps de s’installer, préparer une soupe aux légumes et il est minuit. Température douce de +7°c, y aura-t-il un regel ? La soupe c’est sympa, mais il faut se lever pour aller pisser alors que tu es bien calé au fond du sac de couchage et ses couches de protection (sursac et sac à viande). Dure la vie ! Bref la nuit fut courte. Le lendemain matin, on se prépare un repas comme déjeuner, puis départ à 7h30. Matinal selon mes derniers horaires, mais la nuit écourtée se paye cache : la forme n’y est pas. Du coup j’avance à mon rythme de sénateur, me faisant doubler par tout le monde, mais je me suis montré courageux, j’ai vaillamment poursuivi mon objectif. La météo annonce des éclaircies donc je ne suis pas pressé.
Je remonte l’Iffigtal, la neige a quand même bien fondu, est-ce la dernière sortie de la saison ? A la fin de ce vallon, sur la gauche, le couloir de Totetäli du Schnidehore est bien visible, c’est une variante sportive de la descente. On monte pour contourner Egge et rejoindre le col du Pt2086. De là il faut descendre au mieux avec les peaux pour traverser le lac gelé d’Iffigsee. Toujours une petite appréhension dans ce genre de situation, après je ne suis pas le Christ et est-ce que l’épaisseur de glace est suffisante ?
On remonte le vallon d’Iffige pour passer devant la jolie cabane du Wildhorn. Puis on remonte la moraine du Pt2473. On passe sous le joli sommet du Chilchli pour arriver sur le bas du glacier Chilchligetscher (je pense qu’avec deux patates chaudes dans la bouche, je suis capable de prononcer correctement ce nom !). Avec la neige on ne se rend pas compte que nous sommes sur glacier. Au loin j’entends les gloussements de plaisir des skieurs descendant du Schnidehore. Puis on enchaine sur le Tungelgletscher où je vois au loin, juste sous le sommet des belles traces. C’est mon souhait de descendre par là.
On bascule sur le versant valaisan et le Glacier de Téné (nettement plus facile à prononcer). Le soleil se fait radieux et j’entends déjà Stéphane dire que c’est normale car on rentre dans le Valais ! Mais l’histoire n’est pas finie. La suite est douce, je suis surpris par la foule sur cette partie de l’itinéraire. Mais en arrivant sous le sommet, ce dernier est pris par la brume. Je me dis tant pis, le sommet est déjà visité. Je fais confiance aux météorologues de Genève qui ont annoncé des éclaircies pour l’après-midi et je reste à une sorte de col à 3100m. J’en profite pour inspecter la descente pour rejoindre le Tungelgletscher. Et le temps passe et rapace, mais la brume se fait plus insistante. Je commence à me cailler. In fine je suis resté jusque vers 16h où j’ai abdiqué !
Je n’y voyais qu’à 20m, heureusement que c’est le printemps et que des rochers sont apparents, cela évite l’effet du jour blanc. On suit la trace de la montée, tel un naufragé agrippé à sa bouée de sauvetage, le chasse-neige étant une valeur sûre. Le smartphone/GPS aussi ! Ca n’est que sous le Chilchli que je passe sous les nuages et découvre l’ampleur des dégâts. Ils sont sympas les météorologues à Genève, éclaircies, bein tin !
En voyant où je mets mes spatules, le plaisir augmente, la neige se fait lourde. Je repasse devant la cabane du Wildhorn puis sur, non à côté du lac Iffigsee (un léger doute sur la solidité de la glace). Puis il faut se palucher la remontée, en ciseaux, au col sous Egge. Dure la vie !
La suite est la descente dans l’Iffigtal, en profitant des belles pentes, en neige bien lourde. La neige se transformant en pluie, il est grand temps de rentrer. In fine je rejoins Iffigenalp, bien crevé, mais malgré tout content de l’aventure. Il faudra quand même que je revienne !