France | Ain

Lundi de Pâques, ce sera la seule sortie de ce long weekend car la météo ne fut pas tendre avec nous. C’est souvent la loterie en cette période ! Il a même neigé pendant le vendredi saint et cela nous a donné envie d’aller dans le Jura, sa proximité étant appréciée. C’est le sommet du Reculet qui est l’élu, j’ai déjà eu l’occasion d’y aller en été en 2008 et Alain Visinand y est retourné tout dernièrement et je me suis inspiré de cet itinéraire.
Nous arrivons en France, parking du Tiocan (869m), point de neige. Le désespoir envahit mon coeur ! Mais pourquoi ne sommes-nous point allés dans le Valais, quitte à affronter les bouchons du retour ? Oh rage, oh désespoir ! N’écoutant que mon courage, je suis parti en quête de renseignements auprès des raquetteurs qui arrivaient. La neige est présente juste au-dessus, ahhh quel baume sur mon coeur, les affaires reprennent !
Normalement, il est possible de suivre le chemin d’été, mais là seule la route était enneigée avec quelques sections découvertes. Le portage fut faible et la joie grande ! Nous partons à trois, Christian et moi en skis et Nouchka en raquettes, notre rythme fut donc débonnaire jusqu’à Narderant. La route est tranquille jusqu’au Pt1056 (lieu-dit La Croisée, un panneau indique ce nom vers 1250m va comprendre !). Là on rejoint la fin du chemin d’été qui arrive sur la route (on passe une barrière grande ouverte). A partir de là, c’est bien pentu, j’avais gardé un souvenir sportif lors de ma montée en été 2009. De façon surprenante, j’ai trouvé que cela passait mieux en skis, il faut dire que la température n’était pas caniculaire. Je passe en mode double cale, c’est très que je le fasse (deux ou troisième fois en six ans) et le pire c’est que c’est dans le Jura !
Il y a bien du monde qui monte, surtout à pied, peu de skieurs et quelques raquetteurs. C’est donc un spot. On arrive au panneau indiquant La Croisée vers 1250m, l’option Narderant (Narderans sur ce panneau) est maintenu, le projet est de descendre par l’autre côté. Ce passage entre La Croisée (1250m) et Narderant est ou plutôt peut-être délicat si la neige serait dure. Pour nous c’était une neige de printemps donc ça passait bien. Juste dans la cheminée sous Narderant un passage déneigé nous a forcé à porter nos skis et nous les avons portés pendant tout ce couloir, plus simple !
Narderant, 1337m, la vue se dégage, nous apercevons plusieurs chamois dans plusieurs faces. L’alpage de Narderant offre un abri d’hiver bien mignon, mais un peu sombre. Nous laissons là Nouchka, aux bonnes mains d’autres visiteurs et filons avec Christian, en passant la seconde, vers la bosse suivante, direction la ferme La Chaz. C’est joli, on prend de la hauteur et la vue se dégage sur les Alpes au loin, pris en sandwich dans les nuages. Euh il était prévu beau !
Les pentes sont agréables sauf la pente finale sous la crête où il faut enchainer les conversions. La météo se voile subitement, des nuages bien sombres venus de France viennent assombrir le ciel Suisse sans permission des météorologues. Mais que fait Eric Stauffer ? Nous arrivons sur la crête et la suivons direction N pour le reculet. Il y a deux petites descentes où nous avons gardés les peaux (pas terrible de skier dans une neige une peu lourde). Le vent souffle, le ciel noircit, mais l’énorme croix est dans le viseur, plus rien ne nous arrêtera. Nous arrivons ainsi au sommet du Reculet (1718m) et son imposante croix tenaillée par la neige. Longtemps ce sommet fut considéré comme le plus haut du Jura, cette croix fut montée à dos d’homme. Historiquement, la croix du Reculet a été érigée contre les protestants et pour renforcer le catholicisme dans le pays de Gex qui fut longtemps tourmenté par ces guerres de religion (extrait de l’article Wikipedia). Bref Calvin ne devait pas avoir le pied montagnard et a oublié de faire le ménage par là ! Après de nouvelles mésures topographies, Le Reculet a perdu son titre de plus haut sommet du Jura au profit de Crêt de la Neige à peine plus loin. Pas de chance !
La grisaille a bien envahit le ciel, au sommet le vent nous force à changer les peaux plus bas. Les cartes Suisses sont coupées et le sommet du Reculet n’est pas affiché (les nouvelles cartes reprennent les données de l’IGN). Nous descendons dans la face E, des pentes agréables et surtout haut lieu des chamois, par un décompte grossier, ils étaient une trentaine. A peine dérangés par notre passage. Un passage pentu, très amusant à passer, pour se retrouver au niveau de la ferme de Thoiry Devant. Une dernière combe agréable pour rejoindre la route qu’il suffit de suivre telle une piste de bobsleigh pour retrouver le panneau La Croisée. Là la route pentue en guise de dessert, avec encore du monde qui monte.
On finit sur la route, en se laissant glisser, avec les déchaussages obligatoires en cette saison.