Suisse | Valais

Croute que coute jusqu’au bout

La journée est annoncée fort belle, la neige est bien présente et je décide de revenir à Bourg-Saint-Pierre pour retenter le Col de Panossière, après mon échec il y a trois semaines. Cela m’a évité de chercher une randonnée, je connais les horaires de bus presque par coeur et je fais donc ma séance de psychothérapie.
Je traverse le village de Bourg-Saint-Pierre. En guise de variété, dès que je chausse les skis après le tunnel sous la route, je décide de prendre la variante longue par Plan du Pey. C’est très joli, car en dehors de la forêt et on peut profiter de la vue sur les montagnes environnantes. J’ai vu des traces qui partaient, direction les cabanes de Valsorey/Vélan. Il a fallu que je me fasse violence pour ne pas dévier de ma trajectoire. Ulysse aurait été fier de moi !
Par la route je retrouve le Pt1879 et après la montée d’il y a trois semaines. Sous Azerin, je quitte la trace filant vers le Bonhomme du Tsapi, pour me diriger vers Creux du Ma. A partir de là, il a fallu que je trace, seule une vieille trace me guidant (la voie normale est plutôt depuis N.D. de Lorette). Le plus simple est de passer par Azerin pour suivre le chemin d’été. Je n’ai compris cela que trop tard.
Le long du chemin d’été, il y a des cheminées dont je n’ai pas compris l’utilité. J’entendais un bruit d’eau, mais la carte n’indique par de canalisation. Sous Le Tsapi, ce fut le passage le plus en devers de la randonnée qui pourrait poser problème par danger d’avalanche prononcé. Au Pt2086, je retrouve une trace, que dis-je une piste, des gens montant depuis N.D. de Lorette, la voie normale, plus sûre et rapide.
Après avoir contourné Le Tsapi, la vue s’ouvre dans la combe de Boveire, c’est superbe. on longe le Torrent d’Allèves qui me sera utile au retour pour une remontée tranquille de la combe de Boveire. Il n’y avait pas de vent, il faisait chaud, exceptionnel je me suis retrouvé qu’avec ma laine (première couche) et surtout j’ai eu un coup de chaud. Ca m’a mis un coup !
On sort de cette combe dans le contour de la Combe de lâne, devant un reste d’une moraine du Glacier de Boveire en forme de lapiaz. N’oubliez de regarder dans votre dos, en direction du massif du Mont-Blanc car c’est le plus beau coup d’oeil sur ce massif. Plus haut, il est en partie caché. En montant on voit la Pointe Walker, des Grandes Jorasses, puis derrière une partie du Mont-Blanc.
On poursuit la montée, avec des sections plus pentues pour arriver sur le Glacier de Boveire. Il y avait une trace rive gauche et rive droite, j’ai pris rive droite (à gauche en montant) pour la montée car je savais que j’allais descendre rive gauche. Mon coup de chaleur commence à me peser et mon rythme en souffre. Je me demande si je vais poursuivre. Après plusieurs conversions, j’arrive sur le plateau de 3000m, les traces poursuivant dans les séracs, je décide de rejoindre la rive gauche … en me disant que je suis désormais dans le sens des crevasses !
Nouvelles conversions pour rejoindre le plateau de 3200m, sous le Col du Mérignier, il est 16h, je suis tenaillé par la soif, un aducteur commence à mailler, le coeur bat toujours la chamade et un mal de tête se profile. Mais à part ça, tout va très bien madame la marquise ! Mais le moral était d’acier et j’ai continué d’avancer, voulant aussi m’éviter une séance de psychothérapie future. Croute que coute jusqu’au bout, expression québécoise que j’affectionne (prononcez toute les ‘t’) et qui fut mon leitmotiv pour finir. Ce fut long, mais j’ai fini par arriver au Col de Panossière à 16h40 (en cette fin d’hiver, le soleil se couche heureusement plus tard).
Un sentiment profond de béatitude a envahi mon coeur, peuchère que ce fut bon ! Que dis-je, fier de moi, je fus ! Je ne suis resté que 15 minutes, ce fut court, mais l’effort fut récompensé.
Puis je quitte ces lieux, descente entre neiges croutée ou poudreuse à l’ombre. Sur le glacier, je suis descendu rive gauche, le plus à gauche possible pour chercher la poudreuse et la pente. Je repasse dans la combe de Boveire où les coulées furent nombreuse pendant ma montée. Presque une neige de printemps, agréable. Arrêt au Torrent d’Allèves pour recharger puis descente par Creux du Ma, la trace de montée conseillée. C’est presque une piste (on suit le sentier d’été) pour rejoindre le haut du télésiège à N.D. de Lorette. Il me reste au niveau de la station essence à l’entrée du village, à déchausser pour marcher un peu afin de rejoindre le bus, tout fatigué, mais oh combien heureux.