Suisse | Valais

Danger d’avalanche à 3, une grosse envie d’aller dans le Jura, mais la météo annonce beau que dans le Valais. Ce non partage des ressources naturelles de ce canton mériterait presque un coup de LAT … loi sur l’aménagement du territoire. Je ravale ma salive et mon envie (l’envie de fraise est devenue d’une banalité affligeante avec les fraises du Maroc, généreusement mis dans nos palais par nos magasins préférés). Diantre, mais le soleil a beau être là, le danger est à 3. Je feuillette les topos, j’étudie la déclivité sur les cartes et je choisis la course Bourg-Saint-Pierre – Col de Panossière (pente < 30°). Je retrouve mon bus, que je trouve toujours trop matinal, mais différence de mes deux dernières expéditions, je fais tout en train (j'habite Saint-Prex et prend usuellement mon scooter jusqu'à Morges), non que je signe un blanc seing à Franz Weber ou que je profite à outrance de mon AG CFF, mais que mon scooter était resté à la gare de Morges.
Et voilà un réveil du samedi matin qui fut bien trop matinal, en plus excité comme un pingouin à l’idée de revoir sa banquise chérie, le sommeil fut long à trouver. Mon oreiller est toujours jaloux dans ces conditions et me le fait payer à sa façon : le coeur bat la chamade et le souffle se fait court.
Bourg-Saint-Pierre, troisième visite en un mois et plus je viens, plus il y a de neige. Il me faut d’abord traverser le village à pied, j’en profite pour la visite de l’église locale (chauffée en plus !) et de sa fontaine attenante. Je passe sous la route et chausse les skis. C’est le même départ que lors de ma montée pour le Bonhomme du Tsapi.
Je monte à travers la Forêt des Rames où je suis le premier à faire la trace, sinon un lièvre et peut-être un renard (sûrement à courater après le lièvre). C’est beau quand les branches des arbres ploient sous le poids de la neige fraiche. Un peu de gymkhana à travers des branches qui n’ont pas tenu la charge. Vu ma courte nuit, il a fallu adopter un rythme plus doux et toute les 5 min une micro halte pour retrouver le souffle. C’est beau la plongée en apnée !
Vers 1960m, on sort de la forêt, pour contourner la faille du Torrent de la Croix. Je trouve ce passage bien joli, presque une gorge d’Ardèche ! Il s’est mis à neiger depuis quelque temps déjà, mais en sortant de la forêt, ce problème devient plus aigu car il n’y a plus de repère dans le paysage. Je poursuis doucement ma montée et sous la ferme Azerin, le doute m’assaille (donc j’existe !). On vire au jour blanc et je broie doucement du noir, la poursuite du trajet semble bien compromise. Immaculée déception.
Derrière moi, j’entends des voix, Jeanne a encore des arcs. Non plus sobrement un trio de skieurs de Pontarlier qui avaient suivi mes traces. On se dirige vers la ferme Azerin et en cherchant, une porte de l’étable s’ouvre et nous nous y engouffrons. Un peu plus tard, un groupe de sept personnes de Lausanne nous rejoint. Toujours le jour blanc, mais noir de monde. Onze nous étions, coincés dans cette portion d’étable. Le pays merveilleux des Bronzés font du ski fut braillé haut et fort, l’alcool de gentiane et son odeur si peu discrète fut goulument gouttée, mais rien n’y faisait le jour blanc s’accrochait tel un mollusque à son rocher et contre l’avis des météorologues. Eh oui nous étions tous venus dans le Valais en quête de soleil.
Le groupe lausannois abdique et descend pour une quête gourmande de fondue (la fougne des Bronzés). Le trio de Pontarlier tente sa chance pour le Bonhomme du Tsapi et je décide de les suivre. Entre Azerin et Challand d’en Haut, c’est une section pentue qui par danger 3 est peu recommandable. Donc distance de délestage et autre précaution d’usage. Nous rejoignons la ferme de Challand d’en Haut, la blancheur du jour y est toujours autant éclatante. Attente prolongée, l’espoir fait vivre, la science des météorologues devrait bien finir par triompher !
Bein non, nous nous résignons et descendons (surpris de voir que nous touchions bien trop de cailloux dans cette pente) et quand nous retrouvons Azerin, le ciel se déchire et le soleil illumine Le Mourin en face. Pavlov aurait été fier de nous, car nous voilà en train de remettre les peaux et remonter à Challand d’en Haut. De retour devant ces jolis chalets, le blanc nous submerge tout à nouveau. Hum je crois que les dieux sont énervés (nous aussi) et qu’il faudrait un ou deux sacrifices de météorologues. Tant qu’à faire que de voir la science bafouée, autant y aller gaiement !
Retour à Azerin et le soleil revient. Pavlov fut bâillonné et nous descendimes dans une poudreuse excellente. La bonne quantité de neige nous a permis de couper quelques portions de la route à travers la forêt, pour rejoindre le parking en haut de Bourg-Saint-Pierre. Mais la journée n’était pas finie, suite au prochain numéro (à venir).