Suisse | Fribourg

Lors de la visite au Hochmatt, la Dent de Ruth et Dent de Savigny se font imposante. La Dent de Savigny a déjà été visitée en 2009 et donc il me reste la Dent de Ruth. Sur la carte, point de chemin et je regarde les topos du CAS. Il y a deux solutions “simples”, par le versant NW et le Canapé de Ruth ou par le versant S de l’arête E, les deux étant cotées Alpinisme – F (Facile). Comme déjà dit Facile ne signifie par que … c’est facile !
J’hésite à partir depuis le parking de Gros ou Petit Mont et j’opte pour ce dernier que je connais moins. Je pars à 11h10 et en cette fin d’été, par un 7°c, la softshell m’a donc accompagné tout le parcours. Je monte par la route d’alpage, peu passionnante, mais qui me permet de me réchauffer. Je passe la ferme de Schänis, fort joli, que dis-je magnifique même, Gros Adrey, Le Lapé et La Guere.
De là, je bifurque à gauche par un sentier pédestre pour Fregima Devant. La sente est grasse et un peu défoncée par les vaches. J’arrive vers la ferme de Fregima Devant, un patou aboie et peu après le fermier le rappelle à l’ordre et je passe très bien. Ensuite on passe dans une zone marécageuse où les vaches ont massacré le terrain, bref les chaussures se crottent bien ! Sous Le Pralet, je quitte le chemin et part en direction de la face NO de la Dent de Ruth. Marche à travers des blocs, mes bâtons me manquent et le secteur est à l’ombre. Le topo indique qu’une sente existe, mais je ne vois rien. Traversée d’un pierrier puis section herbeuse bien humide par la rosée et au milieu de cette traversée je finis par trouver la sente confortable, je commençais à douter du topo !
On passe sous la face NO de la Dent de Savigny, quasi verticale. La sente s’élève, en direction du couloir du Pt2105. Elle se fait un peu pentue, quelques pas de I, puis nous arrivons vers une ravine (là où je descendrai), la sente demande un peu plus d’attention et elle part en zigzag dans l’herbe. L’inconvénient est que la sente devient peu lisible, j’hésite à un endroit entre la gauche et en haut. J’opte pour la deuxième option, raté. Donc en devers je reviens vers la gauche et trouve la sente, faible (elle suit les quelques sapins). La vie commence à se compliquer ensuite, car l’herbe est humide, parfois le sol est givré. Il y a quelques rares traces rouges bien délavées et au retour je découvre qu’il y a des tissus jaunes attachés à la végétation. Je ne l’ai pas vu à la montée !
La sente par en devers montant, puis un passage en I/II délicat, où on compte sur la bonne santé des touffes d’herbes. La sente repart en devers montant et la pente herbeuse se fait plus déversante, on comprend assez vite qu’une falaise est en contrebas. Ambiance alpine garantie. Le sentier est correct excepté deux petits sapins qu’il faut contourner. On traverse des rochers en leur milieu par des pas de II et une dernière pente nous amène sur l’arête SO où je retrouve le soleil avec bonheur !
L’arête est confortable, excepté deux courts passages rocheux qui se passent presque en escalade (par la gestuelle et non par la pente), en comptant sur Vibram aussi ! Dans la face de la Dent de Ruth visible, je vois un couloir et me dis que si le chemin passe là, je fais demi-tour (il passera ailleurs !). J’arrive à un replat, selle, que l’on nomme le Canapé de Ruth. Profitez-en pour vous y reposer, par contre je n’ai pas vu la serveuse Ruth !
De là se dévoile enfin notre couloir, selon le topo en II, selon moi en 3 au début. Pour mettre tout le monde d’accord on va dire que c’est du IIc ! Donc les premiers 10-15m sont les plus durs (IIc !) et demandent de l’attention (non exposé). Au début je monte droit, puis part sur la gauche pour mieux revenir à droite plus haut. Ensuite c’est du II classique. Au milieu du couloir, je vois que le flanc à droite est plus accueillant (je descendrai par le centre) et par des pas de II arrive sur une crête. Il y a là la bifurcation pour le sommet secondaire (S) et le principal (N), avec une corde pour ce dernier. Je commence par le sommet secondaire (j’y arrive à 14h) qui me parait facile (I/II) et je trouve un cairn et une belle esplanade. Sur ma gauche le sommet principale de la Dent de Ruth (2236m), mais la voie d’accès ne m’inspire pas et je trouve que j’en ai assez fait. Donc je reste au sommet secondaire de la Dent de Ruth. En contrebas, je vois la sente de la face S, avec des cordes, mais qui semble plus évident.
Le sommet de la Dent de Ruth, fait frontière avec les cantons de Berne, Fribourg et Vaud. Au sommet la vue est superbe, toute la chaine des alpes bernoises, vaudoises au Mont-Blanc et Cornettes de Bises. Puis la chaîne des Vanils, le Jura. La vue est coupée en direction de Charmey par le sommet principal qui lui doit offrir une vue à 360°. Je vois deux aigles (ou gypaètes, je n’ai pas eu le loisir de leur demander leur carte d’identité) qui passent et restent vers les Rodomonts. J’ai eu aussi le droit aux tirs de l’armée et aux passages des avions de chasse. De suite, j’ai su que la Suisse était bien défendue ;-)
A 15h10, je quitte ces lieux bénis et redescends, mais cette fois-ci dans le fond du couloir. Un pas de 3 délicats (un peu grand écart) avec une corde à aller attraper dans une lunule (trou) naturelle. Je retrouve mon passage en IIc, je le descends avec prudence, puis la crête, qui se descend mieux que prévue. La pente gazonneuse à l’ombre, descendue avec attention. Lorsque j’arrive à la ravine, je quitte le sentier pour la descendre, en restant dans l’herbe car le pierrier est peu confortable. J’arrive vers 1800m devant la forêt. J’avais envisagé de longer la forêt par le pierrier sous la Dent de Ruth et Zuckerspitz pour rejoindre la ferme Fregima Devant. In situ, la forêt a gagné du terrain et j’abandonne cette idée.
Je regarde la forêt (Forêt du Lapé) qui semble clairsemée et décide de la traversée. Je m’y engage, le début m’a bien amusé, même plaisant (pour qui aime sauter de rochers en rochers). Vers le milieu, je rencontre un éperon rocheux avec des marques rouges (points, flèches et un “5”), j’aime ce genre de découverte, amis je n”ai pas compris la symbolique. Après c’est devenu la forêt jungle avec des passages où il faut éviter des mini-barres rocheuses. A éviter, donc reprenez le chemin de l’aller par Le Pralet.
A la sortie de la forêt, j’arrive dans un pâturage, y trouve une route de 4×4, mentionnée sur la carte, puis vers les barbelés, je coupe pour traverser le ruisseau et retrouver la route de l’aller qu’il me suffit de descendre pour rejoindre le parking à 17h50.
Au bilan la Dent de Ruth est un sommet fascinant, mais qui demande l’expérience du rocher. Je n’ai pas vu de spit pour l’assurage.