Suisse | Valais

Bis repetita

La météo du weekend est la même que la semaine dernière, i.e. beau le matin et dégradation dans l’après-midi. J’adopte donc la même tactique : départ matinal pour une randonnée depuis la plaine et descente en train. J’entends depuis plusieurs semaines le cri des préalpes gruyèriennes pour leur rendre visite, mais c’est une nouvelle fois partie remise.
Départ matinal, je suis à Vernayaz à 7h15, mais je n’ai pas fait attention à la correspondance et c’est le train des CFF qui m’amène à la gare CFF. J’en suis quitte pour revenir vers la gare du TMR et comme le soleil arrive juste sur le haut de la crête de Gueuroz, j’essaye de prendre mon temps.
Les choses sérieuses commencent au niveau des gorges du Trient avec la montée à Gueuroz. J’avais vu que Stéphane d’Alpavista l’avait parcouru en VTT et je fus fort content d’être à pieds vu le terrain. C’est un fort joli sentier souvent boisé, arraché à la paroi par l’entreprise Zig&Zag donc pentu. Puis on arrive sur la crête qui offre un beau panorama sur la plaine du Rhône et enfin Gueuroz et ses ponts qui n’ont aucune valeur esthétique.
A Gueuroz, je passe sur la digue de Charavex (nom de mémoire, sans garantie) puis monte vers l’arête de Charavex. Le chemin redevient pentu, en forêt, et avec des passages avec chaine : c’est un peu aérien, mais quelle belle ambiance ! On passe devant le sommet de Gueuroz (827m) dont la courte trouée nous gratifie d’une belle vue. Puis retour en forêt, toujours dans un sentier où les muscles travaillent à plein régime.
Vers 1200m, je rattrape un homme et nous babillons un bon moment, il connait le coin comme sa poche, étant de Charraz. Il y a en tout 13 chaines (je n’ai jamais eu l’idée de les compter !) et il reste les deux dernières qui sont les plus spectaculaires car longeant 400m de vide. Puis je repars à mon rythme. Après Le Seytheux (~1200m) le sentier se fait d’une douceur bienvenue et roulant. Et j’arrive aux deux dernières chaines : quelle ambiance ! Le sentier long le précipice en forêt et la sensation de vide est bien présente. Techniquement les chaines sont inutiles, le sentier reste confortable, mais c’est le psyché qui peut poser problème.
Le chemin remonte et surprise il y a un vieux rail dans le sol. Alors ça c’est magique ! Toute mon enfance et adolescence bercée à Star Wars et Indiana Jones a refait surface et me voilà entraîné dans l’aventure de la recherche de la mine (forcement d’or) enfouie. Je longe les rails, vers le N, qui sont bien endommagés et la forêt reprend ses droits. L’explorateur est handicapé car il a oublié sa machette ! J’arrive à la fin des rails, j’explore au mieux, mais ne trouve rien. Je descends pour reprendre le chemin et partir dans l’autre sens des rails. Il me faut marcher un bon moment avant d’arriver devant le reste d’un charriot, d’un cabanon défoncé et de pylônes avec poulie. Je rebrousse chemin espérant retrouver mon camarade de la montée qui est affalé sur le sol, grillant une sucette à cancer et buvant quelques gorgées de son litron de rouge. L’explication est donc que ce rail a servi pour le transport du bois de la commune de Martigny. Le bois était transporté par wagon jusqu’au treuil qui l’amenait à Salvan. Les bucherons vivaient dans une cabane plus haut. Lorsque l’exploitation du bois a cessé (date inconnue), l’alpage de Charavex a utilisé ce treuil pour ses besoins pendant un temps. Après 30 min d’une discussion à bâtons rompus et l’histoire du Valais refaite, je quitte mon camarade pour partir à la recherche de cette cabane.
Avant l’alpage de Charavex, il y a un panneau, suivre brièvement la direction de Le Gotreu/Sur Le Mont puis à un tas de rondins, prendre la sente sur la gauche. Persévérer sur ce sentier parfois étroit pour arriver, après 5 min environ, à la cabane datant de 1959.
Heureux de cette trouvaille, j’arrive dans l’alpage de Charavex où je retrouve enfin le soleil .Joli alpage, les animaux ne sont pas encore présents et je profite d’un des nombreux bancs pour faire une pause, en face d’Emaney, du Luisin et des Marcottes. Superbe.
Pour la suite, je choisis de faire un détour par Le Coeur, ayant l’espoir de voir Ravoire. Montée dans une forêt clairsemée, où deux mamans font la pause avec leur jeune progéniture, pour arriver en 15 min à Le Coeur. Jolie clairière où l’odeur du pin est vivifiante. Pour la vue, seul le Catogne s’offre à nous.
Descente par un chemin débonnaire pour arriver Sur Les Echelles. Ce nom m’avait attiré tel une abeille vers une fleur, espérant un peu d’aventure. Il n’en fut rien, juste un passage pentu (j’ai pris le chemin inférieur), sans difficulté par temps sec. Par un chemin sympathique j’arrive à Le Revé où un cabot m’y accueille bruyamment. Ce genre de petit chien serait vite calmé par un coup de pied. Dire qu’il suffit à un berger allemand de grogner pour obtenir le respect !
Descente à nouveau en forêt, par un chemin bien en pente et aux nombreux lacets pour arriver au hameau de La Crêta et ses nombreux chalets. De là, le timing est quasi identique pour rejoindre Le Tretient, Salvan ou Vernayaz (~2h). Le plus intéressant me parait celui de Salvan, mais j’avais envie de passer le pont inférieur de La Triège, car cet hiver en empruntant la Route des Diligences, j’étais passé par la route. La Crêta (1079m) et Le Trétien sont presque au même niveau (il y a une autre Crêta au-dessus du Trétien), mais il faut descendre jusqu’à la rivière du Trient pour mieux remonter.
On quitte La Crêta par la route, des chemins de traverses permettent d’éviter le bitume, puis à Pied du Sex, un chemin pentu, mais joli (est-ce l’ancienne route ?) nous fait descendre devant la rivière du Trient. Puis on remonte, de nouveau sur un sentier pentu, mais en fin de balade l’énergie manque. Je croise une famille qui pour mettre du peps à leur fille de 6-7 ans, les parents descendent se cacher et ensuite la fille file les cherche, ce qui lui procurait un grand plaisir.
Je quitte le large chemin pour le pont enjambant La Triège vers 860m (attention aucun panneau et le départ du chemin est peu visible). Une dernière montée m’amène dans une clairière sous Le Trétien où les orties colonisent le chemin peu visible. Dans le bas du Trétien, le chemin s’évapore dans les jardins clôturés. J’ai dû enjamber plusieurs barrières avec en prime des orties. Au milieu du village, on cherche son chemin, la quantité de panneau étant inversement proportionelle à celle des orties et ça n’est que vers le haut que la gare se découvre dans les hauteurs et qu’enfin un gros panneau vous l’indique ! Sympa mais tardif ! Il reste à prendre le petit train, tout en profitant du joli parcours et de revoir des lacets de la Route des Diligences. La météo ne s’est fortement voilé que lorsque je suis arrivé au Trétien et en attendant le train, un lointain coup de tonnerre, me réconfortant sur mon choix du départ matinal !