Suisse | Valais

Une nouvelle fois, il faut monter haut pour trouver de la neige, les conditions neigeuses étant identiques depuis (trop) longtemps. La météo prévoit beau au début puis jour blanc dans l’après midi (en oubliant de préciser si c’est le début ou la fin de l’après-midi). Je décide d’aller au Wildstrubel car il y a la benne de la Gemmi qui permet de partir de 2300m. Par contre la première benne est à 9h (8h30 dès la fin février). Je prends l’option des transports publiques, mais cela implique 3h30 porte à porte (Saint-Prex à Gemipass), donc levé à 5h !
J’étais venu au Wildstrubel en été avec Christian et la remontée finale de la Gemmipass, m’avait fait mal (c’est long et usant), je me réjouis de faire cela en ski.
La première benne de la Gemmi (15.- CHF l’A/R en demi tarif) est pleine à craquer de randonneurs, sortie en boite … de conserve. Vous me reprendrez bien un petit coup de ski ?
A la Gemmipass, 2322m, on descend en ski de piste, pour mettre les peaux au départ de la Lämmerenboden. C’est un long plateau, mais la forme est là et le soleil aussi. En été c’est marécageux, en hiver on passe partout. J’arrive en bas du massif où est perché la Lämmerenhütte et il y a une trace qui part à la cabane et une autre qui part sur la gauche (voie normale en ski). J’hésite à passer par la cabane, mais je suis le troupeau. Il faut monter un couloir pentu (le passage technique de la course), je vois que tout le monde mes les couteaux et je fais de même. Je marche quelques pas et d’un coup je vois un couteau qui se fait la malle, le bougre (il faudra vérifier s’il ne Twitte pas pour éviter la contagion). En voulant le remettre je m’aperçois que le plastique de la glissière est cassé, bein je vais m’amuser dans ce couloir. Cela passe bien et j’arrive devant un rocher équipé d’une chaîne, qu’il faut contourner. A la fin de la chaîne, la trace est pentue et verglacé. Avec mon handicap, je n’y arrive pas donc je déchausse et quelques pas plus loin, remets les skis. Plus haut, je me suis amusé à regarder les suiveurs et la vie est compliquée pour ce passage.
Ensuite on enchaîne les vallons, le soleil est généreux. Le Wildstrubelgletscher se divise en deux, à cause du massif rocheux du Pt2999, la voie normale de descente (et montée) passe à droite (E), mais pour la descente il est possible de passer à gauche (O), secteur des séracs. J’envisage cette descente, mais je suis en solo et sans équipement glaciaire (ça part mal).
Dans la montée à droite du Pt2999, je me rends compte que j’ai sur-estimé le timing, le dénivellé n’est pas important, mais la distance si. La pente se redresse dans ce contournement du massif Pt2999, mais c’est une montée tranquille. Encore un effort (longueur) pour rejoindre le sommet du milieu du Wildstrubel, Mittelgipfel 3243.5m. Il est dégarni autour de la croix, la vue est sympa, quelques voiles d’altitude sur les 4000m.
J’avais pensé rejoindre le sommet O (nommé Wildstrubel sur la carte), mais je suis fatigué, le réveil matinal me fait déjà rêver à mon lit, il fait beau, il y a du monde (obligé de parler en anglais avec les suisse-allemands, tout se perd !). Je reste là 1h. En discutant avec un autre skieur, la descente par les séracs est crevassé, donc en solo j’abandonne l’idée.
Je redescends par le chemin de la montée, de la poudreuse (si, si ça existe encore !) jusque vers 3000m (ok, ça ne dure pas longtemps), puis de la neige dure, soufflée par le vent. Vers 2500m, je bifurque pour la Lämmerenhütte par le chemin d’été. Petite descente au début, puis faux plat, comprendre légère montée. Je n’ai pas envie de remettre les peaux, en me disant que le skating ou les ciseaux, cela me fera un peu les muscles. Bigre, je fus servi en triple ration, de plus en plein soleil avec toutes mes couches de vêtements. Je suis arrivé un brin cuit !
Je revois cette belle cabane, jolie d’extérieur. J’en profite pour un arrêt au stand, version longue. Notre culture occidentale est pudique dans ce domaine, mais je profite d’ouvrir une fenêtre (en plus cela permet d’aérer !) car on a beau être prévoyant et à la maison s’alléger au maximum, mais en montagne l’envie revient de plus belle. Est-ce lié à l’effort ? Bref des grands moments de vie quand aucun arbre se présente ! Donc je suis très content de visiter cette cabane, en commençant par les toilettes (modernes en plus).
Je quitte les lieux, la cabane est gardiennée et bien fréquentée. Je décide de descendre par le chemin d’été (j’avais repéré des traces de descentes, à côté des traces de montée, lors de la montée), d’abord un couloir gelé, puis des pentes au S dans une neige pourrie. Je racle une fois (seule fois de la journée !), pour finir par retrouver le chemin de la montée au Lämmerenboden.
Je remets les peaux, je suis en mode économie d’énergie (non merci pour le skating) et attaque avec bravoure ce long faux plat. 1km à pieds ça use, ça use … Mais que c’est long, non que dis-je interminable.
J’arrive avec grand bonheur (et fatigue) 4mn avant la benne de 16h30 (dernière à 17h).
Dans la benne, je rencontre deux parents avec leurs enfants respectifs, donc une femme habite à côté de chez moi (Saint-Prex). Le monde est petit. Toujours dans cette benne, une femme se propose de me véhiculer, comme j’ai laissé en consigne des affaires à la gare de bus de Leukerbad (4 CHF, mais ne rend pas la monnaie donc 5 CHF dans mon cas), je me fais véhiculer jusque là, mais le visage de cette femme me dit quelque chose. A la gare de bus, j’en parle en me présentant et bingo, c’est la femme d’un pasteur de Lausanne croisé lors de mes sorties dominicales. Le monde est décidément très petit à Leukerbad. J’ai juste eu le temps de récupérer mes affaires et sauter dans le bus bondé.