Suisse | Valais

Je pourrais commencer par dire que la situation neigeuse est comme les semaines passées (pas terrible), mais ça deviendrait lassant ;-)
Donc il faut encore monter haut pour trouver la neige, j’avais envi d’aller du côté du Grand Saint Bernard, mais la dernière voiture Mobility qui m’intéressait était à Sion. Donc je reviens dans le vallon de la Grande Dixence, visité la semaine dernière. Dans le train en arrivant à Sion, je retrouve une connaissance, Jacques rencontré aux Becs des Bosson, puis revu le lendemain à Cambioula-les-bains (le nom du patelain est Cambioula) qui retourne justement à Cambioula pour s’y tremper. Je lui propose le covoiturage, on se tasse dans la Smart et c’est parti jusqu’à Vex où je le dépose. Le monde est bien petit !
J’arrive au départ, en bas de Couta, vers Fréta. La place de parc est enneigée (-3°c), il y a juste avant une caravane qui fait buvette, l’arrêt du bus étant à côté. Il y a un peu de monde, mais en questionnant je suis le seul pour le Bec de la Montau. Je monte par la route qui est bien enneigée (neige tassée, parfois gelée). J’évite dans un premier temps les raccourcis (chemin d’été) dans la forêt, plutôt déneigés et je monte tranquillement. J’aime bien ces départs où les muscles ont le temps de monter en température. J’arrive à Le Louché et tente de suivre une trace à travers champ, les traces sont gelés et l’expérience n’est pas terrible. Au-dessus de Le Louché, je tente quand même le raccourci (chemin d’été) par la forêt et c’est un chemin pentu et gelé, beurk ! Je retrouve avec bonheur la route que je décide de suivre sagement.
Avant Orchéra, je vois un troupeau de teenagers avec leurs moniteurs, descendu par les pistes de Thyon 2000 et ils vont aussi au Bec de la Montau, tiens je me sens moins seul. En montant depuis le parking, on se suivait avec un grand-papa qui ne savait pas le nom du sommet qu’il allait faire (ailleurs que le Bec) ! Je passe l’alpage d’Orchéra puis attaque le menu du jour, la belle (dans tous les sens du terme) pente pour rejoindre la Combe des Gîtes. Samedi dernier, j’étais monté à l’ombre, mais c’est le versant E, donc je suis au soleil. De plus comme j’avais eu froid au fessier, j’ai doublé la mise pour les sous vêtements, ce détail aura son importance plus tard.
J’arrive dans la Combe des Gîtes, la vue s’ouvre, il fait beau (juste des nuages du foehn vers les 4000m), que du bonheur (et un peu de transpiration). Ce vallon est sauvage, j’étais seul au monde, sauf un rencontre avec des skieurs descendant depuis le téléski dont un de Martigny et cet accent si charmant !
Juste avant le couloir vers 2700m, il faut couper une pente (vers 2600m), en devers. La neige est soufflée, comme les traces : l’adhérence chute brutalement, le tout est d’éviter que ce sois moi ! Et puis on se remet ça dans le milieu du couloir, j’hésite un instant à sortir les couteaux, mais décide de le faire “à l’arrache” (technique très élaborée qui demande des années d’expérience et au moins le titre d’ingénieur et en résumé consiste à faire ce qu’on peut avec ce qu’on a dans le temps le plus court ;-) ) … et ça passe. Mais quel bien ça fait quand ça s’arrête (comme les coups de marteau) ! J’arrive à un col, retrouve le soleil et tombe devant un plateau dominé par Les Louettes Econdués, c’est à tomber par terre (enfin pas trop quand même), c’est beau. Ces instants sont magiques et c’est ce qui motive !
Je cherche le sommet, sur ma gauche, je vois un sommet avec une croix (c’est le sommet du Pt2855), enfin plus tard c’est devenu ma droite, mais ça n’est pas le Bec de Montau. C’est un sommet vicieux, enfin qui se mérite, car il faut le contourner par un une sorte de S et puis la pente finale pour rejoindre la crête, vaut son pesant de cacahouètes. Vous aimez les conversions techniques ? C’est pour vous, c’est un peu comme le final du Pic d’Artsinol. Bon le bâton aval, je le mets en haut, non en bas c’est mieux. Zut ma position ressemble presque au grand écart. Ah puis le ski amont qui reste coincé. Certains ont préféré le faire à pieds ! Reste à suivre la crête (vicieux le sommet) pour arriver sur la petite plateforme du Bec de la Montau (2921.8m), simplement marqué d’un cairn.
C’est beau là haut. Seul au monde, mais je vois au loin la station de ski de Thyon 2000, en me disant que j’ai bien fait de venir ici. Je reste une heure, toujours dur de partir, enfin la petite bise (-5°c) me refroidit et m’incite à partir.
Depuis le sommet, avant de partir, je vois le troupeau des teenagers au fond du vallon de la Combe des Gîtes. Ils s’arrêtent au soleil, puis redescendent. Le bec de la Montau ce sera pour une autre fois !
Je descends dans la combe NE, j’avais vu des traces en montant, super poudreuse, mais cailloux inclus. Je descends doucement. Puis il faut traverser un champ de pierres, avec d’infimes précautions pour mes semelles de ski pour retrouver le couloir de la montée. Puis le reste en poudreuse sur fond dur (le vallon est désormais à l’ombre). Ensuite cela varie de neige croutée que je maîtrise toujours pas, à poudreuse tassée, la transition pouvant être brutale. Bien sûr ne pas oublier les cailloux farceurs qui aiment à se cacher. Du coup je suivais les traces de descente d’autres skieurs, ce qui permet d’en éviter un maximum.
Puis j’ai coupé court vers Le Louché, évitant Orchéra, ce qui m’a valu de réviser le tricotage parmi les aulnes. Ensuite neige dure dont les genoux s’en souviennent encore pour couper court à travers les champs de Le Louché (certains prés incluant les barbelés), pour retrouver la voiture.
Mais pour finir cette journée, rien de tel qu’un bain à Cambioula. Donc je passe par Euseigne, ce qui me permet de revoir les pyramides et surtout de voir l’état de la route. Je découvre qu’un panneau interdit la circulation sauf autorisation. En scooter ce genre de détail ne saute pas à mes yeux, mais en voiture si. Bon après tout nous sommes dans le Valais, la Mobility y est immatriculée, donc je m’y autorise ! Juste les derniers 100m de la route sont enneigée. Le bassin extérieur a été en partie détruit pour creuser une chenau. Je file donc dans la grotte qui est embuée. Comme j’avais deux sous vêtements, cela me permettra de barbotter puis d’échanger pour la sortie et le bonnet en guise de linge. L’eau est dans les 30°c, c’est donc plus froid que notre corps, j’ai préféré le barbottage d’été surtout que le bassin dans le lit de La Borgne était sympa. Je tente une photo d’intérieur, mais l’objectif est embué et contrairement à mon reflex, mon compact n’est pas tropicalisé. Je n’insiste donc pas.
Je quitte les lieux après 30mn, repars par la route, prends une photo de la Dent Blanche, et juste après je rencontre une voiture de la police qui descend … euh oui la route sur autorisation ! Ils se mettent de côté, je passe en les remerciant, mais je n’ai pas trainé dans le coin ;-)