Suisse | Valais

Vendredi soir, je cherche une sortie pour le lendemain, sempiternel question du vendredi. En fonction du bulletin avalanche, la vallée du Rhône depuis Martigny vers Sion est à 2 et les voitures Mobility ne sont plus disponibles pour l’après-midi, je me décide d’aller en bus à Ovronnaz pour la Pointe de Chemo.
Samedi matin, 8h28 à Morges, je monte dans le train et un éclair traverse mes pensées : j’ai oublié mes peaux ! Diantre première fois que cela m’arrive. Je descends en vitesse du train et rentre à la maison. J’en profite pour prendre les horaires pour ovronnaz, ça se complique, il me faudra plus de 2h30 et j’en profite pour voir le bulletin avalanche réactualisé et le niveau vient de passer à 3. Zut !
Je passe via Chamoson et le chauffeur du bus est fort sympathique. En montant, on discute de la passerelle à Farinet et il me dit que c’est un de ses amis qui a eu l’idée, Maurice-André Cheseaux. Il voulait faire quelque chose dans la Salentze, une via ferrata repoussée par une opposition du WWF et c’est un pont dont il a eu l’idée. En sortie en ski de randonnée avec le chauffeur de bus, il fait une crise cardiaque en 1998 et meurt dans la trentaine. Son idée de passerelle suivra son cour et on lui rajoutera du Farinet en prime : il faut bien une attrape touriste !
De mon côté, je descends du bus dans les hauts d’Ovronnaz pour rejoindre le départ du centre nordique, sur l’ancien départ du téléski de Loutze, fermée en 2000. Je remonte au début par le chemin des raquettes, avec le soleil la neige est un peu transformée. Je retrouve assez vite la pente de l’ancien télésiège avec une neige qui redevient dure.
Vers le Pt1567, la vue s’ouvre de plus en plus sur les montagnes entourant Ovronnaz. Le ciel est bleu même si des nuages s’accrochent sur certains sommets. La météo annoncée tient ses promesses. Je continue de remonter, le secteur est parcouru par de nombreux raquetteurs. Puis j’arrive à la buvette de la Loutze (son site web) qui est un terminus pour bien du monde. Les enfants s’amusent avec leur luge. De mon ôté, je fais une courte pause et continue ma route. La population diminue grandement une fois passé la buvette, je double une femme que je retrouverai au sommet. Puis on amorce la montée entre les paravalanches. Je me retrouve derrière deux snowboarders allemands qui montent en raquettes et cela labourent la trace, pas terrible derrière. Je suis donc heureux de les doubler. J’arrive à La Chaux et c’est la fin des traces. Je vois deux hommes et je les rejoins. En discutant avec eux, ils vont monter. Tout heureux de cette nouvelle car sans eux j’aurai fait demi-tour, j’arrive dans la zone de danger 3 et je suis seul. La neige est croutée, soufflée et parfois tendre ce qui fait déraper le pied. On coupe les pentes supérieures de La Chaux puis on tourne à droite pour attaquer le couloir sous la Pointe de Comonau.
Joli couloir mais bien pentu, bien des conversions sont nécéssaires pour le remonter. Le premier de ce binome, fait une belle trace et le second tasse la trace pour l’embellir (que du bonheur de les suivre !), en effet la femme que j’ai doublé avant les paravanches est avec eux et monte à son rythme. Ca passait sans couteaux mais si j’avais été seul je les aurai mis. On finit par arriver au col entre la Pointe de Chemo et la Pointe de Comonau, vers 2450m. Un vent à décorner les boeufs (encore faudrait-il que les boeufs viennent en hiver ici !) nous y accuille et la météo vire au gris. J’ai juste le temps de prendre une photo de la Pointe de Chemo dont l’ascension finale n’est même pas envisagée : neige soufflée, vent, brume ! je suis déjà bien content d’être là. En attendant que la femme nous rejoignent, les deux homme gravissent la Pointe de Comonau, départ délicat. N’étant pas un partisan du mixte en grosse, je me contente de les regarder.
Puis nous descendons par le couloir juste sous la Pointe de Comonau, couloir raide, en bonne neige au début puis vite crouté et surtout venté en haut. Je descend au mieux car maîtrisant mal la neige croutée. Au dessus de Chamosentze, on vire à droite. Le topo de Camptocamp dit de prendre la route car le secteur est avalancheux et seule Anne empruntera la route. J’émets aussi ce doute mais les deux hommes semblent confiants et je les suis. On coupe plus une grosse avalanche, qui coupe aussi la route, passage gymkhana ! Puis on emprunte le chemin d’été, étroit pour rejoindre les hauts de Loutze où la neige est dure, le plaisir n’y est plus depuis longtemps mais là c’est violent ! on se sépare à la buvette de la Loutze, je continue la descente pour prendre le bus. J’emprunte un peu la route, la neige est trop dure pour moi puis je retrouve le centre nordique : fin du massacre. Je finis à pieds pour retrouver le bus.
Après trois bus, je prends le train à Martigny et dans le wagon, c’est l’agitation car une vitre vient de recevoir vers Riddes, un coup de fusil au plomb, à air comprimé ! Incroyable :-(