Suisse | Fribourg

La pluie des derniers jours s’est transformée en neige vers 2000m et il me faut donc choisir une course plus bas. Je pense à la Dent de Broc, où j’étais déjà monté par la face NO (Les Plains, Grosses Ciernes). Pour varier, je prends l’option du Vallon de Montélon et surtout d’enchainer les trois Dents : Broc, Chamois et Bourgo.
J’arrive au restaurant La Pralet (fin de la route goudronnée) et m’y gare. A 10h40, je pars et redescends la route brièvement pour bifurquer à gauche, toujours par une route dans le vallon menant au Col des Combes. Je pensais couper les virages de la route, mais les barbelés (gros défaut de la région !) m’ont fait rester sur le bitume. Dans le bas du vallon, je trouve le soleil, tant mieux car les 8°c du matin, m’ont refroidi.
Sans soucis, j’arrive au Col des Chamois (1668m) à 12h15, puis pars pour la Dent de Broc. La veille j’avais lu un topo du CAS donnant une alternative pour monter à la Dent de Broc. C’est toujours malsain de lire les topos, car on a envie de les réaliser.
Depuis le Col des Chamois, la pente se redresse et j’emprunte le sentier bleu-blanc de la voie normale. Lorsqu’il vient buter contre la paroi, on le suit un peu et sur notre gauche il y a un couloir avec une corde bleu. C’est là ! La cotation de ce parcours est Alpinisme – F (Facile), ne vous attardez pas au mot Facile. Comme souvent les topos du CAS sont lacunaires et éclaire autant que ma frontale ! Donc on suit la corde bleue, qui bifurque à gauche sur les voies d’escalades. Pour nous, il faut continuer dans un passage en II qui donne très vite le ton : c’est un mélange d’herbe, terre et quelques rochers. Un bloc obstrue en partie la sortie de cette partie (je l’ai contourné par la droite). Puis une section raide herbeuse où on s’accroche aux hautes herbes. On finit par venir buter contre la paroi et on part à gauche dans une sorte de laminoir. Au milieu, je suis parti, au milieu, sur l’arête. Puis de nouveau un mixe herbeux/terreux/rochers. C’est raide, il y a de quoi poser ses pieds, mais pas plus. On s’accroche à tout ce qui s’offre à nous (touffes d’herbes, rochers, racines). Je n’ai pas vu de spit, donc pour assurer un second, galère, peut-être avec des sangles. Il y a quelques rochers branlants, mais dans l’ensemble cela tient.
A 12h45, je rejoins l’arête et le sommet de la Dent de Broc (1829m). Contrairement à ma visite précédente la vue est superbe, ratissant loin. Du Mont-blanc, aux bernoises, Vanils. Je ne m’attarde pas et descend le chemin de la voie normale (bleu-blanc), des pas de I/II, chemin un zeste aérien (devers au-dessus du barre rocheuse). Puis je rejoins le Col des Combes et remonte vers la Dent du Chamois.
Un passage à travers les arbres (ils ont même installé une échelle pour les barbelés) et je trouve une belle sente, mais grasse. Des pas de I, me font arriver au pied d’un couloir. On repart dans des pas de II (presque du 2c), mais gras, heureusement les prises sont bonnes. C’est un secteur N, j’y ai vu du grivre. Un devers, puis on retrouve le soleil. De nouveau une pente soutenue, un passage dans les arbres et j’arrive au sommet O de la Dent du Chamois (1839m), à 13h35.
On suit l’arête, assez confortable, sauf 10m un peu effilé (possible de passer en contrebas) et j’arrive au sommet E (1830m) à 13h50. La vue est aussi superbe. Un sentier rouge-blanc, me permet de descendre sans soucis à La Forcla (14h30). Le topo du CAS donne deux possibilités pour monter à la Dent du Bourgo, par la face N et les pentes S (j’ai opté pour cette voie) ou par l’arête SSW. Le gros problème fut les barbelés car il faut descendre après La Forcla un couloir, mais des barbelés à 4 fils sont infranchissables. J’ai donc dû remonter jusque vers les arbres pour trouver des barbelés à un fils et passer dessous. Je redescends (de l’autre côté des barbelés et dans la forêt) et trouve un couloir qui me parait convenable. Je m’y engage, il y a des bébés sapins, puis je coupe en devers sur la gauche vers une langue pierreuse. Je rejoins le pierrier gazonneux de la face N. C’est en devers, on se tord les pieds et il n’y pas de sente t l’herbe est un peu humide. Une colonie de chamois s’enfuit. J’arrive dans le bas du couloir et y trouve une sente que je remonte. C’est pentu. Sur ma gauche, je vois un mini couloir en II et le remonte pour arriver sur une crête. Excepté les branches d’un arbre, j’ai bien aimé. Je retrouve la sente plus haut, qui part en devers dans le couloir adjacent. J’arrive ainsi à la crête E et bifurque à droite. Remonter cette crête ne fut pas simple, car j’ai perdu la sente (rester sur la crête), mais je sors des arbres et vient buter contre un pan rocheux/herbeux. J’y rencontre des chèvres. Le topo dit de descendre un pierrier puis de remonter la pente finale pour le sommet.
Mais je trouve que ce pan herbeux/rocheux semble prometteur. Je m’y engage, encore des pas de II, arrive sur une partie plus douce et cherche une fois. Au fond, au N, un couloir semble prometteur (du II/3) et m’y engage. J’arrive à un arbre, il me faut faire trois pas pour poursuivre, il reste 20 m pour sortir. Mais ces trois pas, en solo, sans corde et des prises faibles, je ne l’ai pas senti. Estimant que ma vie valait mieux que tenter ces trois pas, je suis descendu (un peu galère de descendre quand c’est raide !). Mais je vois une autre ligne et m’y engage. Une pente herbeuse/rocheuse en II. Un rocher qu’il faut passer en 3, puis du II pour finir par marcher dans la pente soutenue finale, mais confortable ! J’arrive à la Dent du Bourgo à 16h10.
Là je marque une pause casse-croute. Peu après, je vois un homme qui arrive, seule personne rencontrée en ce vendredi. Mais je reconnais Philippe Noth (toujours bien de mettre une photo de soi sur le site). Nous avions un échange par email dans la semaine, mais c’est la première fois que nous nous voyions, excellent cette rencontre fortuite !
A 17h10, je repars, par l’arête SSW (voie normale) qui est un peu aérienne, mais le sentier est confortable. Par contre je vois le soleil qui descend à l’horizon et l’ombre gagner du terrain. Peu avant le Pt1836, je décide de couper droit en bas, dans la face S. C’est pentu, mais les animaux (chèvres, moutons et vaches) ont tracé des sillons rendant la progression agréable. Vers 1300m, je retrouve un chemin qui me fait traverser la forêt (passage boueux au début). J’arrive à la ferme Froidefontaine (il y a un monorail) où une fontaine me permet mes ablutions. Il me reste à longer la route pour retrouver le restaurant La Pralet (19h10) bien joli.