Suisse | Vaud

Lors de ma montée à La Para en janvier 2010, j’avais remarqué depuis le sommet de La Para (officiellement La Pare), la pente finale pour Le Tarent. Le départ des deux courses est d’ailleurs identique jusqu’à la fin du vallon de L’Eau Froide.
La semaine dernière, je suis monté à l’albristhorn avec un groupe, dont Monique venait de réaliser Le Tarent la veille. Le lendemain je croise Christian qui lui aussi a fait ce sommet. A la montée finale, il croise un groupe dont une femme lui conseille de finir à pied. Sans le savoir il venait de rencontrer Monique ! Le monde est petit !
Donc je n’ai pas eu besoin de me creuser les méninges pour trouver la sortie du jour.
A 7h10 avec -2°c, je pars de Le Perru (1200m), fin de la route déneigée après L’Etivaz. Le parking est de taille moyenne (13 voitures comptées au retour), ne pas arriver dans les derniers sinon il faudra se parquer plus bas (plusieurs petits parkings en aval). Départ dans l’ombre pour remonter par la rive gauche L’Eau Froide. Au niveau de la prise d’eau (1280m), séparation entre les voie pour La Para et Le Tarent. On bifurque à l’O pour Le Fodéra. Les traces sont gelées et je les évite comme la peste. Au milieu de la pente, je trouve une trace fraiche que je suis.
Je trouve le soleil à Le Fodéra, 1532m, où j’en profite pour une séance exprimant mon côté féminin refoulé : le pomponage, crémage donc (des fois qu’un car de suédoises débarque !). Pendant ce moment de narcissisme, ayant débalé mes affaires, je constate que le sac des peaux se fait la malle sans mon accord, le bougre ! Je fus quitte pour une course poursuite (presque aussi bien que Roger Moore dans 007 !) pour rattraper le rebelle.
Par la suite, j’ai un peu perdu la trace de montée, noyée dans les sillons des descendeurs. La traversée via le Pt1822 est fort jolie pour se retrouver dans le vallon de L’Audalle. J’avais pensé faire l’enchainement Le Tarent – Châtillon (voir le topo, avec 2200m de dénivellé), mais le soleil agissant dans mes hormones et sur la neige, je me dis que je serai aussi bien dans un moment de béatitude sommital. Heureux serez-vous quand le soleil brillera, heureux les skieurs dont la neige poudreuse n’est pas transformée (la V.O. du Christ est comment dire, plus rugueuse).
Je commence à me faire doubler (j’étais le deuxième au parking, donc un peu d’avance) et je constate que la mode de l’élite n’est plus au Scarpa F1, mais au Dynafit TLT en carbon. La légèreté étant inversement proportionnelle au prix ! De mon côté j’ai toujours les mêmes chaussures qui me permettent de mettre un pied devant l’autre (et réciproquement !) et c’est tout ce que je leur demande !
Vers 2300m, la pente se redresse un peu, les conditions de neige sont excellentes, promesse d’une belle descente. Puis j’arrive vers le bas de la pente finale (vers 2400m), où j’avais vu ceux qui m’ont doublé monter à pied. Je ne comprenais pas car jusqu’à présent la neige était fort bonne. La pente est entre 35-40°, je trouve que cela peut passer à skis et j’avance d’un pas … pour me gameler, la neige est dure. Puisque l’invitation est si douce, je décide à mettre les skis sur le sac et monte à pied … jusqu’au sommet (comme tout le monde d’ailleurs), arrivé à 10h30.
Deux vilains piquets en bois ornent le sommet, la vue est légèrement voilée au loin, mais je profite de la belle vue panoramique. Juste après moi arrive un couple et nous babillons, voyons la foule des grands jours (comme à la poste, il faut prendre son ticket pour le sommet), ils partent et peu après je les suis. J’ai décrété que Châtillon, dont la crête finale est exposée au soleil, sera pour un autre jour.
Je repasse par la pente raide, puis file vers l’ombre, sous Les Rochers de la Combe, pour trouver une poudreuse un brin compacte, mais oh combien excellente. Je retrouve le couple du sommet (Danièle et Benoit) et nous faisons le reste de la descente ensemble. Neige toujours excellente, mais après 1800m devenant un peu, puis beaucoup croutée. Nous filons par Les Becques dans cette neige difficile où nous goutons à tour de rôle, la joie de la gravitation où la transition entre position verticale et horizontale est très rapide.
La descente par Les Becques se fait à travers les aulnes, assez espacés, mais vu la neige délicate, ce ne fut pas une sinécure.
Vers 1400m, on traverse un affluent de L’Eau Froide, pour trouver enfin une neige décaillée, puis je retrouve Les Maulatreys du chemin de la montée qui me permet de rejoindre le parking bondé de Le Perru.