Suisse | Vaud

Cette fin du mois de novembre est vraiment belle, de l’été indien comme on l’aime. Braves indiens ! Pour ce samedi, Alain Visinand est libre et propose une randonnée aux Diablerets, enfin randonnée ce serait plutôt de l’alpinisme : le Sex Rouge, là où arrive le téléphérique au restaurant Botta. Et c’est ça ton alpinisme ?
On a un bien joli canton: des veaux, des vaches, des moutons, des chamois, du brochet, du cygne, des lacs, des vergers, des forêts, même un glacier, aux Diablerets (pour les non Vaudois, voir cette vidéo du poème le plus célèbre du canton de Vaud). Jean Villars-Gilles a oublié de dire que les glaciers des Diablerets sont essentiellement valaisans !
Nous voyageons ensemble et je découvre qu’il a aussi passé ses vacances d’enfance dans ce village, cher (et chère, vu le gouffre d’une époque de Glacier 3000) aux vaudois. L’herbe sèche occupe fortement le terrain et la station languit après la neige. Le poney-lift du Meilleret est enneigé artificiellement, mais quelle pitié de voir le maigre résultat (voir ce reportage de la TSR) pour beaucoup de bruit.
Nous passons en voiture par la route de la Piste Vita qui est interdite à la circulation (il me semble que cela n’est pas le cas en été). Mon côté français me dit que c’est un panneau pour les Suisses allemands et j’insiste pour éviter la montée de la route.
On se gare devant le panneau vers 1280m au-dessus d’Aigue Noire. L’idée est de monter au Sex Rouge par Les Rochers de la Marchande, L’Echelle puis longer plus ou moins l’arête vers le Sex Rouge. La descente doit se faire par la nouvelle Via Ferrata Des Dames Anglaises pour rejoindre la cabane de Pierredar. Cette nouvelle Via Ferrata remplace la pseudo Via Ferrata de Prapio, parcourue en 2009 et désormais abandonnée pour cause de chutes de pierres.
Nous partons par -5°c à 8h45 et empruntons le chemin pentu, parfait pour se rachauffer, tout en zigzags à travers la Forêt du Mont. A travers les arbres nous profitons des couleurs chaudes du début du jour sur la chaine d’en face (du Pic Chaussy à la Palette).
Nous arrivons sans soucis à la ferme la Léchère (1657m). De là nous commençons le hors piste et par un pâturage pentu nous rejoignons la combe de Léchère. On traverse, ou plutôt on lutte avec, des aulnes pour monter sous la barre des Rochers de la Marchande. Une montée raide, une vire étroite puis une courte pente soutenue nous permet d’arriver à l’échelle.
Alain redoutait que cette échelle n’existe plus, il l’avait connu adolescent. Mais bonheur, une nouvelle est là, en bois et renforcé par des vis en fer. Il reste un pied de l’ancienne échelle, aussi en bois, témoin du passé. En haut de l’échelle, il y a une chaine avec une pente herbeuse/caillouteuse soutenue où l’on envoit facilement des cailloux vers le bas, heureusement que j’étais le dernier car j’ai gagné le concours de celui qui en envoit le plus !
Peu après nous rejoignons une vire étroite équipée d’un filin et d’une corde. Un autre filin est bien plus haut et continue fort loin, il doit s’agir de l’équipement d’hiver pour ceux qui veulent tester leur côté kamikaze ! Une dernière montée nous permet d’arriver, enfin au soleil et au replat de La Marchande, un joli secteur qui permet d’admirer le paysage.
La première difficulté se dresse devant : le massif rocheux du Pt2468. Le topo du CAS disait de l’éviter par la droite, sauf que c’est le vide. Bon, tentons la gauche ! Côté gauche ça passe et nous voyons une fissure accueillante et partons en escalade dedans, quelques friends et les moyens du bord pour l’assurage, nous permettent d’arriver par un rocher assez sain dans les pentes finales du Pt2468.
Une crête confortable nous permet d’arriver devant une barre rocheuse où nous partons sur la droite (cette fois-ci le topo est correct !). En contournant cette barre par la droite nous arrivons devant le passage clef de la course : un couloir pentu et exposé qu’il faut traverser le long de la barre. Chaud ! Le terrain est sec et Alain propose de mettre les crampons. A pas de loup et sans éternuer, nous traversons ce passage. Puis le problème suivant est de trouver la suite du cheminement, il n’y a ni cairns, ni marquage, l’alpinisme à l’ancienne ! Devant nous se dresse trois dents et couloirs, on tente le premier, mais les possibilités d’assurage sont nulles. On redescend et tentons le deuxième qui passe en escalade (niveau 3) puis une pente soutenue en terrain délité. Pour l’assurage, la suite se fera soit en évolution corde tendue, soit en assurage corde tendue (corde freinée par le buste).
La suite est un cheminement dans des pentes soutenues et sol délité où on monte souvent à quatre pattes. En rejoignant Alain, j’étais content de souffler car tous les muscles fonctionnent. On s’accorde 5 min de pause casse-croute puis nous repartons. Par un cheminement similaire, entre pentes soutenues et petites escalades sur rocher délité, nous arrivons à la crête du Sex Rouge au Pt2842.
Quel bonheur d’arriver sur cette crête, la vue s’ouvre sur le restaurant Botta et l’Oldenhorn. Par contre la météo se couvre de plus en plus par l’O.
Nous suivons cette arête, direction le Sex Rouge, d’abord par des pentes agréables, puis par le fil de l’arête avec des portions d’escalade (toujours en 3). Le dernier passage sur l’arête est très esthétique, avec un côté aérien sur la droite. Sangles et friends furent utiles dans ce passage. Nous arrivons ainsi au sommet du Sex Rouge, 2971m. Vu le vent froid, nous n’y restons pas et il est presque 16h.
Il reste à suivre l’arête, avec une dalle pentue à passer pour arriver à la civilisation de la plateforme bétonnée du Pt2965. On descend les échelles métalliques, puis filons vers la piste de ski. Vu l’heure et le coucher de soleil bientôt là, nous abandonnons l’idée de rentrer par la Via Ferrata des Dames Anglaises (on file à l’anglaise !) pour préférer la descente plus sage via la Vire aux Dames (les dames sont à l’honneur dans le coin et bien courageuses !).
Nous remettons les crampons car il y a de la neige et empruntons plus au moins le chemin d’été sous le glacier du Sex Rouge pour la cabane des Diablerets (il est possible de prendre le téléphérique jusqu’au Pillon). Là nous pouvons enlever les crampons. Je tente une visite à la cabane dont ma visite en 2008 avait eu lieu pendant les travaux, mais elle est déjà en mode hivernale avec l’accès par une échelle. J’abandonne l’idée d’y rentrer.
Nous filons vers la Vire aux Dames, passons les échelons, puis un couloir avec un peu de neige pour arriver au devers équipé du filin, qui était là, j’avais peur qu’il soit ôté en hiver.
Après la Tête aux Chamois, nous basculons dans le flanc N, sous la ligne du téléphérique. Là il y a quelques passages avec des filins et la neige s’est incrusté justement là, en bloquant plusieurs de ces filins, ambiance garantie ! Puis c’est la longue descente, d’abord dans la caillasse, puis le gazon s’invite et enfin la forêt. Nous mettons nos frontales, la nuit s’avance. Nous arrivons enfin à la Montagne du Pillon (juste au-dessus du Col du Pillon) et coupons court pour rejoindre le chemin du Creux du Pillon partant depuis la route.
Puis nous empruntons le nouveau chemin, l’ancien chemin ayant été emporté par une inondation du Dar. Ce nouveau chemin (non indiqué sur la carte), reste rive droite et n’emprunte plus le pont sous la Cascade du Dar.
La suite de nuit et à la frontale est un peu tristounet, surtout qu’il y avait bien des petites descentes/montées qui demandait un petit effort dont nos muscles se seraient bien passé. A La Palanche, on traverse un pont et une montée douce nous permet de rejoindre la voiture à 19h40